Page 16 - Traité de versification, métrique et prosodie
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             Cependant, l’écriture poétique n’est pas obligée d’adopter le carcan d’une forme fixe ni de strophes
         séparées. Un poème classique reste régulier, même ne formant qu’une seule strophe.

         2-5-2 Les différentes strophes
             Un vers isolé peut-il porter le nom de strophe ? Pourquoi pas, s’il s’insère dans un ensemble plus vaste,
         coordonné en rythme et en rime ? Dans ce cas, il s’agit d’un monostique, ou monostiche.
         Une strophe de 2 vers se nomme distique.
         Les strophes les plus usitées sont le tercet, en 3 vers, et le quatrain, en 4 vers. On les rencontre notamment
         dans les sonnets.
         Les strophes de 8 vers, huitains, et de 10 vers, dizains, se rencontrent dans les deux formes de ballades,
         octosyllabique et décasyllabique.
         Le neuvain, en 9 vers, reste d’usage rare et peu commode, trop long.
             Le reste des compositions possibles est laissé à l’imagination des poètes.

         2-5-3 La position des rimes dans les strophes
               Les rimes plates se suivent par juxtaposition, l’une après l’autre, comme AABB.
         Exemple :
                      « J’aimerais vous parler, un peu, de ma campagne            A
                      Et par ces simples mots, qu’une peine accompagne,           A
                      Vous dire : « il faisait bon de vivre en mon pays           B
                      Quand tous ses habitants en ont été trahis. »               B
                      (Oratorio pour Oradour de Franck Lafossas)
               Les rimes croisées se suivent en alternant l’une l’autre, comme ABAB.
         Exemple :
                      « Puisque Dune-Pontac m’impose le mot « dort »,             A
                      La grasse matinée échappe à mon envie,                      B
                      Je reste en ma couette et, si j’y fais le mort,             A
                      C’est que je suis un vrai… poète pour la vie. »             B
                      (Le Défi de Dune-Pontac)
               Les rimes embrassées s’enlacent 2 par 2, comme ABBA.
         Exemple :
                      « C’était de bonne idée, assurément pratique,               A
                      L’incinération ! J’avais les doigts gelés,                  B
                      Teint pâle, bras rigide, aussitôt appelés,                  B
                      Mes amis s’unissaient d’avis diagnostique. »                A
                      (Les Fantômes de Pompéi de Franck Lafossas)


                                                       Chapitre 3
                                           Y placer l’harmonie


         3-1 Le choc des sons au sein du vers

         3-1-1 L’hiatus et sa cacophonie
               L’hiatus consiste en la rencontre déplaisante de deux voyelles sonores, la première en fin d’un mot et
         la seconde en début du mot suivant, par exemples « j’ai été » ou bien « tu as ». Mais il n’existe pas d’hiatus
         si cette succession se situe à l’intérieur d’un mot, par exemple dans « il tua ».
             L’hiatus constitue une faute majeure en poésie classique car il nuit à l’harmonie de l’expression.
               Au fait, ne dites pas « le hiatus » car le « h » d’hiatus n’est pas aspiré.
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