Valérie Berthet-Boyer – Artiste Littéraire – Auteure & Poète
Après des études de Commerce International et de Langues, Valérie Berthet-Boyer a occupé des postes à responsabilité dans le domaine du Marketing. Son souvenir professionnel le plus marquant reste associé aux Jeux Olympiques d’Albertville 1992 où, au sein de l’équipe menée par Jean-Claude Killy et Michel Barnier, elle a été en charge pendant 4 ans de la négociation des contrats de licences de marques pour les produits portant les emblèmes olympiques.
L’amour des grands espaces l’a conduit à réaliser quelques-uns de ses rêves, dont celui de chevaucher avec des ranchers-cowboys pour guider les troupeaux dans les plaines du Montana. Très sensible à la culture amérindienne, le thème de son mémoire de fin d’études portait sur l’exode forcé – le « déplacement » – des Cherokees en 1838, tristement connu sous le nom de « la piste des larmes ».
La montagne et la mer tiennent une grande place dans sa vie, avec la pratique assidue du ski alpin et de la voile, mais aussi dans ses écrits.
Si la Nouvelle – principalement poétique et policière – a été son point d’entrée dans l’écriture, la découverte de la rigueur de la Poésie classique, de la musicalité de la poésie libre, ainsi que de l’univers merveilleux des Fables et Contes, a été une révélation.
Valérie Berthet-Boyer a eu la chance de voir ses écrits récompensés ces trois dernières années. Grand Prix ALVO 2024 en poésie et prose, Plume d’Or à Colmar, 1er prix de Poésie classique EuroPoésie parrainé par l’UNICEF, 1er prix du Conte « Arts et Lettres de France », elle a eu la joie et l’honneur de recevoir plus de trente prix en 2024 – dont 16 premiers prix – dans toute la France et au Québec.
Elle partage désormais son temps entre la Bretagne et le Canada.
A la tête d’une famille nombreuse, et désormais « Granny » de plusieurs petits-enfants, son souhait le plus cher serait de les guider dans l’éveil de leur curiosité et sensibilité artistique, et de leur transmettre le goût de la lecture et de l’écriture.
Prix littéraires / Distinctions
2024
- GRAND PRIX ALVO 2024 en poésie et prose
- Plume d’Or / 1er prix de Poésie classique, Concours La Plume Colmarienne
- 1er prix de Poésie classique, Concours EuroPoésie / UNICEF
- 1er prix « Contes », Concours Arts et Lettres de France
- Prix spécial du Jury Concours Gaston Miron – Québec – Prix « Excellence de la langue Française »
- 1er prix de Poésie libre à l’unanimité du Jury Concours Nanterre Poévie
- 1er prix Concours de Poésie à l’unanimité du Jury de la Ville de Montmorency
-
- Prix coup de cœur du jury
- 1er prix Concours de Poésie à l’unanimité du Jury de la Ville du Pouliguen
- Prix d’honneur du Chardon Lorrain 2024 (Metz) pour l’ensemble des œuvres
- 1er prix de Poésie classique – Concours ALVO
- 1er prix « Contes » – Concours ALVO
- 1er prix Georges Perec – Concours ALVO
- 1er prix de Poésie néo-classique – Concours Les Arts Septimaniens (Narbonne)
-
- 2ème prix « Poésie classique »,
- 3ème prix en catégorie « Poésie libre »
- 3ème prix « Contes »
- 1ère mention « Sonnet »
- 1er prix « Poésie expression libre », Concours Hautes Terres d’Oc
-
- 1er prix « Haiku »
- 3ème prix poésie néo-classique
- 1er prix de Poésie, Concours Mairie Saint Rogatien
- 1er prix de Poésie libre Concours Association Poésie Terpsichore (Carcassonne)
- 1er prix Poésie courte
- 3ème prix Poésie classique
- 1er prix de Poésie, Mairie de la Bastide Saint-Georges
- Prix spécial du Jury, « Poésie classique », Concours POETIKA
- 2ème prix « Poésie classique », Concours les Amis de Verlaine
-
- 1 mention d’honneur
- 2ème prix de Poésie libre, Concours de Boujan S/Libron
- 2ème prix texte humoristique, Concours de Boujan S/Libron
- 3ème prix de Poésie de Forme fixe, Concours de Boujan S/Libron
- 2ème prix Poésie libre – Concours ALVO
- 3ème prix Nouvelle – Concours ALVO
- 3ème prix catégorie « Nouvelles », Concours les amis de Thalie
- 3ème prix « Poésie classique », Association PHILEMON – Société des Poètes de France, OCCITANIE
- Mention Prix Georges Pérec – Concours ALVO
2023
- 1er prix « Poésie classique » – Compagnie des Ecrivains de Tarn et Garonne
- 2ème prix catégorie « Nouvelles » ALVO (Amitiés Littéraires du Val d’Orléans)
2022
- 1er prix catégorie « Nouvelles » Arts et Lettres de France
- 1er prix « Contes et Nouvelles » – Académie des Jeux Floraux Alpins
- 1er prix « Poésie libre » ALVO (Amitiés Littéraires du Val d’Orléans)
- 1er prix catégorie « Contes » ALVO (Amitiés Littéraires du Val d’Orléans)
- 1er prix concours littéraire de la ville de la Trinité-sur-Mer
2021
- 1er prix catégorie « Nouvelles » ALVO (Amitiés Littéraires du Val d’Orléans)
Recueil
- Un recueil de ses écrits sera disponible à l’automne 2024.
Contact
Valérie Berthet-Boyer
Adresse : La Trinité-sur-Mer et Sainte-Agathe-des-Monts (Québec)
Tél. : 07 49 30 20 12
Site web officiel : https://www.valerieberthetboyer.com
Email : valerieberthet@gmail.com
Les contes
LA FABULEUSE HISTOIRE DE RÉGALEC, ROI DES HARENGS
MORGANE ET LES KORRIGANS
Les nouvelles
JOUR D’ORAGE AU LAC AZUR
LE BAL DE MER
L’INDEX DU DIABLE
MEURTRE À MANALEC
MONSIEUR LÉON
RAYMOND ET MAURICETTE
Les fables
LE ROSSIGNOL ET LA BUSE
En tout temps, en tout lieu ménageons nos voisins.
En fait la liberté de l’un
Se doit de prendre fin
Là où celle de l’autre établit ses confins.
Un rossignol chantait nuit et jour en forêt,
A gorge déployée il décochait ses trilles.
Jusque-là rien de mal, c’était son intérêt ;
Pour trouver une épouse et fonder sa famille,
Parmi la concurrence il faut qu’il s’égosille.
Quand vint le mois de juin il aurait dû cesser
Le concert qu’il offrait
Aux oreilles lassées
Qui peuplaient la futaie.
Emporté par l’élan, se croyant bon chanteur,
Il décide tout seul depuis son promontoire
Sans crainte de lasser son captif auditoire
De poursuivre son œuvre et ceci à toute heure.
Voyant que ses petits ne pouvaient fermer l’œil,
Sur un ton fort courtois la maman écureuil
Réclama de l’artiste un repos musical.
Le rossignol froissé reprit son récital
Enchantant, pensait-il, tout le monde animal.
Le hibou vint alors plaider sa noble cause :
Comment dormir le jour
A moins que d’être sourd,
Pour être frais la nuit il fallait une pause.
Rien n’y fit, le ténor
S’entêta sans temps mort
A gringotter bien fort.
Apparut une buse, entraînant dans les bois
Un silence de mort chez qui voulait survivre.
Seul l’oiseau tapageur, incapable de suivre
Le précepte avisé, fit entendre sa voix.
Fondant sur l’effronté le rapace attrapa
Le rossignol enfin silencieux et coi.
Croire avoir tous les droits
Expose l’impudent à s’en mordre les doigts.
Valérie Berthet-Boyer
L’OURS ET L’ÉCUREUIL
La gourmandise est un vilain défaut…
Je m’en vais vous narrer l’histoire d’un finaud
Qui l’avait bien compris et s’en trouva fort aise.
Un ours au fond des bois chassait un écureuil.
Celui-ci, leste et vif, entreprit un mélèze,
Lequel lui réserva le meilleur des accueils.
C’était mal estimer l’agile plantigrade.
Escaladant le tronc tout aussi prestement
Que s’il s’était agi d’une modeste estrade,
À la cime il s’en fut capturer l’insolent.
Rendu dans sa tanière il informe la bête
Qu’elle allait sans tarder figurer au dîner.
Le pauvre écureuil se met à trembler.
N’ayant pas le projet de finir dans l’assiette,
Il suggère au grizzly qu’une entrée il faudrait :
« – Avant que d’attaquer le plat de résistance
Faites-le précéder, oui, ce serait parfait !
De bleuets bien juteux, présents en abondance
Ici même en ces bois. »
Ces propos inspirés mettent l’ours en émoi,
Pourléchant ses babines,
À l’idée il opine.
Le geôlier serre le coquin
Et va quérir des baies, s’empiffrant au passage.
De retour il s’apprête à goûter son festin
Quand le met principal déclare sans ambages :
« – Privé de garniture un beau rôti n’est rien.
Imaginez des œufs à la chair délicate
Allouant, ainsi qu’il convient,
À ce festin royal une touche adéquate.
Dans les plus grands banquets
C’est règle des gourmets »
À ces mots l’épicurien salive.
Il décampe aussitôt faire l’assaut des nids,
Se gavant en passant de façon excessive.
Il regagne son antre où l’attend le hardi
Qui, rempli d’assurance,
Édicte qu’on requiert
Pour clore la bombance
Un fabuleux dessert.
« – Que diriez-vous mon beau du trésor des abeilles ?
Je puis vous assurer que c’est pure merveille !
N’y tenant plus notre glouton
court promptement
Se procurer du miel qu’il pille goulûment.
Une fois dans son gîte
Il s’endort lourdement
Tandis que l’écureuil en vitesse le quitte.
Au réveil le gourmand
S’élance à sa poursuite,
Mais lesté comme il l’est
L’ours traîne son ventre ainsi qu’un boulet
Et ne peut afficher qu’une allure réduite…
C’est donc le cœur serré
Que l’ursidé voit s’éloigner
L’objet de sa convoitise.
Alors il songe, tout penaud,
Qu’en matière de gourmandise
Tempérance prévaut …
Valérie Berthet-Boyer
Les poèmes
ÉLOGE DE LA GRÂCE
Infinie est la grâce,
Tel un ciel d’été lorsque les étoiles déploient
Leur éternelle beauté.
La grâce d’une mère
Déposant sur l’enfant un voile de tendresse,
Quand de son souffle elle caresse les longs cils endormis.
La grâce de ce cou,
Petit tambour de peau tiède
Où palpite une veine au rythme de la vie.
La grâce de l’instant,
Léger papillon porté par le vent,
Plane puis se pose délicatement à l’orée du bonheur.
La grâce de la rose
Inclinant sans rougir son buste soyeux,
Offrande polissonne au bel astre de feu.
La grâce de la valse du flocon
Qui virevolte dans l’aube cristalline
Au gré de ses envies.
La grâce d’une main
Qu’effleure un fol amant délaçant le désir,
Prélude à l’abandon.
La grâce des mots vrais
Lorsqu’ils allègent la peine,
Du chagrin levant le crêpe pour aller l’âme consoler.
La grâce ourlant nos cœurs
D’un ruban de dentelle
Ondulant dans la brise qui précède l’extase.
La grâce est en chacun,
Elle est en toutes choses
Et sait nous enchanter…
Valérie Berthet-Boyer
MWANDI
Je m’appelle Mwandi, nom choisi par mon père
En l’honneur du trésor qu’il aimait tant bercer.
Doux prénom ancestral, on le traduit « Lumière »,
Celle des jours heureux qu’il faut savoir goûter.
Gamine insouciante escaladant les dunes
Qui formaient les plus beaux des espaces de jeux,
Mes rêves reflétaient l’éclat de mille lunes
Quand mon ciel, tout à coup, prit un tour ténébreux.
Un soir j’avais surpris, au centre du village,
Mon père et ses amis, l’air grave et tourmenté.
Il fallait protéger des guerres et pillages
Les femmes, les enfants, les mettre en sûreté.
Le lendemain très tôt nous avons pris la route,
Compagnons d’infortune au cœur lesté de plomb.
De l’ardeur et du cran il nous faudrait sans doute
Pour braver les dangers, juste armés de bâtons.
Tandis que le soleil de son souffle de braise
Attisait la douleur dévorant nos pieds nus,
Faim et soif nous hantaient dans l’affreuse fournaise,
Le désert, mon ami, ne me protégeait plus.
J’accrochais mon destin au regard de ma mère
Qui m’insufflait sa force en me tenant la main.
Nous marchâmes ainsi jusqu’à l’esquif sommaire
Qui viendrait prolonger ce voyage inhumain.
Toujours je reverrai les visages de cire
Des passagers crispés qui ravalaient leurs peurs.
A l’espoir de survivre il leur fallait souscrire,
Otages des démons qu’on appelle passeurs.
Où nous mènerait donc cet exil mortifère ?
Mon âme a fait naufrage à force de sanglots.
Rien ne remplacera l’étreinte de mon père,
Engloutie à jamais l’innocence en ces flots.
Valérie Berthet-Boyer
JARDINS
Élégant ou champêtre, utile ou d’ornement,
Poumon de mégapole ou cache romantique,
Bel écrin de castel, lieu de ravissement,
Les jardins sont divers mais chacun est unique.
Mon grand-père a le sien, bio revendiqué,
Où l’odorante rose, incontestable reine,
Méprisant l’origan tout juste repiqué
Observe avec dédain la commune verveine.
Le potager fécond aux sillons généreux
Procurant sans relâche à celui qui le choie
Ses précieux primeurs et trésors savoureux,
Sans compter la nigelle aux pétales de soie.
Le jardin bucolique à l’air échevelé,
Le classique parfait où tout n’est que structures ;
Le modèle à l’anglaise au fouillis calculé,
Abritant en son sein de lascives sculptures.
Voici celui d’Eden où jadis retentit
La divine fureur qui s’abattit sur l’homme.
Pour le faire punir le Malin lui mentit,
Quel cruel châtiment pour une simple pomme…
Le zen harmonieux sait nous émerveiller.
Sublimant la nature avec délicatesse
Il enchante nos sens et vient l’âme éveiller
À son monde serein, tout de charme et justesse.
On aime s’y blottir, cocon réconfortant,
C’est le jardin secret où s’exerce l’intime.
Ni jugement ni crainte, on y goûte l’instant,
La paix nous enveloppe en ce refuge ultime.
Le mien est poésie et me comble à foison.
La rime bien ourlée en festonne la ligne
Et met les mots taquins tous au diapason.
J’écoute alors Candide et cultive ma vigne…
Valérie Berthet-Boyer
LA BIGOUDÈNE
Coiffe en proue, écrasée par la brise,
La fière Bigoudène
Clopine et se dandine
En arrimant ses lourds jupons
De ses deux bras puissants.
Clac-clac font les sabots de bois sur les pavés glissants.
Pfuitt dit le vent qui fait voler la dentelle de son tablier blanc.
Œil clair, pommettes hautes,
Face ridée comme une prune trop mûre,
Courage au cœur et foi en bandoulière,
La fière Bigoudène
Qui clopine et se dandine
Brandit en étendard
Son clocher de dentelle.
Et vogue, vogue,
Portée par le vent
Tel un vaisseau de fortune,
La fière Bigoudène
Clopine et se dandine
Dans le dédale des ruelles
Qui mènent à l’océan.
Tangue, tangue son corps massif
Tout de noir enchemisé
Lorsque la brise ramène la voix des disparus.
Ploc-ploc fait alors la pluie
Qui vient diluer le chagrin
Dans les sillons de ses joues de granit.
Coiffe en proue, cap au vent,
Clopine et se dandine
La fière Bigoudène,
Invincible monument.
Valérie Berthet-Boyer
A L’ÉCOLE DU BONHEUR
« Crri, crri… » grince et crisse l’acariâtre craie
Lorsqu’elle s’attaque au grand tableau noir,
Y faisant défiler au pas la fière Histoire de France
Avant d’y convoquer la scélérate grammaire.
« Toc toc » rétorque sèchement la règle,
Cette pimbêche revêche,
Alors qu’elle fait son entrée
Brandie par notre Maître sur son estrade perché.
« Kreut kreut » crachote gentiment mon ami le poêle
Quand il laisse échapper de son ventre tout rond
La divine chaleur qui tisse son cocon
Autour de nos corps d’enfant.
« Gling Gling » tambourine la pluie sur les carreaux qui nous séparent du paradis
Où, en attendant de la cloche l’appel,
Des petites mains ont tracé des marelles
Pour nous faire gagner le ciel.
« Poc » fait la pimpante bogue
Atterrissant gracieusement après un vol plané
Depuis les branches du paisible vieillard
Qui règne sur la cour tout en majesté.
« Mmmm », lourdes sont nos paupières
Après le fricot dévoré dans les gamelles en fer blanc
Que nos mères ont garnies
En y ajoutant une pincée de tendresse.
« Ho hisse » fait mon cœur
Halant haut les voiles du grand vaisseau
Où ces précieux souvenirs dans leur coffre scintillent
Comme autant de trésors.
Valérie Berthet-Boyer
LES VIEUX AMANTS DES ÎLES SOUS-LE-VENT
Longeant les papayers, cheminant de concert,
Les amoureux d’antan en riant se taquinent.
De sa canne de bois parfois l’homme se sert
Pour donner la cadence, et leurs pas s’accoquinent.
Par un doux mouvement l’un vers l’autre portés,
Accordant leur tempo leurs épaules s’épousent.
Au fil de la balade et des mots chuchotés,
En toute intimité les secrets se décousent.
Profitant d’une pause à l’ombre d’un plantain,
Leur innocent babil cède soudain la place
A de tendres regards. Vient alors une main
Sa semblable quérir, la saisit puis l’enlace.
Déposant sur sa belle un voile de ferveur
Le souffle caressant du vieil amant fidèle
Effleure son visage au rythme de son cœur,
Prélude au long baiser parfumé de cannelle.
S’échangeant à mi-voix les plus brûlants aveux
Le vieux couple reprend vers la plage sa route,
Sublimant leur amour en une ombre pour deux.
Que voient-ils devant eux ? L’éternité, sans doute.
Valérie Berthet-Boyer
ÉLÉGIE POUR UNE ÂME EN DEUIL
Belle âme, que n’es-tu d’une armure vêtue
Pour ne point vaciller sous les coups du chagrin.
A dévaster ton cœur la peine s’évertue,
Et tu courbes l’échine en affrontant le grain.
Tu sombres en toi-même, aliénant tes repères,
Tandis que le tocsin martèle la douleur
Au rythme de l’effroi, condamnant tes prières
A résonner sans fin dans ce vortex hurleur.
Ressens-tu le vertige au-dessus de l’abîme
Où te plonge, cruel, ton bonheur inhumé ?
Souviens-toi que longtemps tu devras cette dîme
Au même désespoir qui t’aura consumé.
Un jour prochain pourtant les ailes de la vie
Reprendront le fardeau de tes âpres tourments,
Te libérant enfin d’un monde sans envie
Et commuant l’orage en des cieux plus cléments.
Par le temps souverain tes plaies seront pansées,
Cet onguent de fortune apaisant tous les maux.
Souvenirs caressants, images encensées,
Offriront à ton cœur les plus beaux des rameaux.
Et tu t’envoleras vers des aubes meilleures,
Fragile chevalier qui presque succomba,
Accueillant vaillamment les promesses des heures
Qui t’auront vu du deuil remporter le combat.
Valérie Berthet-Boyer
MON PÉPÉ
Ton regard s’embuait, ta voix se faisait douce
Quand je tendais vers toi mes petits bras charnus.
Me soulevant de terre, embrassant ma frimousse,
Tu me calais alors contre tes flancs chenus.
Comblée de tendresse je me souviens des roses
Que pour moi tu cueillais de tes tremblantes mains,
Choisissant avec soin celles dont les robes closes
Promettaient de livrer le plus doux des parfums.
Les jeudis de congé tu sortais ma dînette
Quand je venais jouer dans ton jardin fleuri.
A l’ombre du grand saule j’y goûtais la recette
Des joies toutes simples, d’un bonheur infini.
Me reviennent aussi tes luttes incessantes
Pour refouler en vain les gourmands sansonnets
S’attaquant sans vergogne aux griottes tentantes,
Dardant leur chant moqueur, riant de tes filets.
Ces leçons de choses distillaient leurs morales,
Grâce à toi dans la vie chaque jour j’ai croqué.
De courage et d’ardeur, ces vertus familiales,
J’ai rempli ma besace et ton cœur écouté.
Avec des mots désuets empreints de bienveillance
Tu m’enseignais qu’il faut témoigner ses bontés,
Que l’avenir toujours mérite notre confiance,
Et que se sentir fort vaut toutes les armées.
Valérie Berthet-Boyer
PLUME
Depuis son encrier la plume se redresse,
Répondant à l’appel du poète amoureux.
Le galant la saisit dans un élan fiévreux
Pour déposer ses mots ainsi qu’une caresse.
Elle sait être douce et remplir de tendresse
Le nid de l’oisillon, chaud cocon vaporeux.
On admire sa valse en cercles langoureux
Au gré du vent taquin, image enchanteresse.
Les ailes de l’aigrette elle orne également,
Sur sa tête un panache, exquis raffinement.
Le paon, lui, les expose, et crânement pavoise.
Boa, coiffe ou bien loup au chic incontesté,
La plume qui séduit tandis qu’on l’apprivoise,
Piquée en son chapeau se cambre en majesté.
Valérie Berthet-Boyer
LES PÉCHÉS CAPITAUX…
LA LUXURE
Dans la secrète alcôve où flambe le désir
Les soupirs langoureux éveillent la licence.
Sous les draps satinés s’assouvit le plaisir,
Susurrant son hommage au dieu de l’indécence.
En ce lieu l’âme on perd, douce damnation,
Tandis que l’on séduit d’une œillade lubrique
L’affidé qui rejoint sans hésitation
Le ballet qui célèbre une noce impudique…
On laisse libre cours à la voracité,
S’embrasent tous les sens, les pulsions se déchaînent.
Débordant de luxure et de salacité,
De vils torrents de stupre en enfer nous entraînent…
Puis la danse fougueuse emporte ses démons
Et les chairs rassasiées à regret se délacent,
Faisant la sourde oreille à tous les pieux sermons,
Jouissant lorsqu’exprès le prude elles agacent…
Il est temps de goûter à d’autres corps brûlants
Et de plonger encor dans les bassins du vice
D’où l’on sort en sueur, rouges et pantelants,
Imprégnés de l’excès qui rend grâce au délice…
Valérie Berthet-Boyer
LES PÉCHÉS CAPITAUX…
LA PARESSE
Que ne puis-je passer dans mon lit la journée
Pour toujours y goûter le soyeux de ses draps…
Dans ce tiède cocon je retrouve Morphée
Et soupire d’extase en tombant dans ses bras.
Effrayé par l’effort, nul labeur ne me tente,
Les aiguilles du temps ne sauraient me presser.
De mon maître absolu – la flemme persistante –
Les préceptes exquis ne voudrais transgresser…
On me dit apathique et pourtant je m’applique
Sans relâche à parer les appels à œuvrer.
Il me faut ignorer les savantes suppliques
De celui qui voudrait au travail m’inciter.
Sur les bancs de l’école, et malgré mon jeune âge,
Déjà je disposais d’une réputation…
N’ayant jamais montré quelque once de courage
Au dieu de la torpeur je portais dévotion.
Alors oui, je le dis, fièrement je paresse,
Fainéant et cossard sont mes deux pavillons.
L’indolence suprême en tout temps je professe
Avec l’oisiveté comme unique aiguillon.
Valérie Berthet-Boyer
LES PÉCHÉS CAPITAUX…
LA COLÈRE
Tapie au fond de moi, je la sens palpiter.
Fiévreuse et pétulante elle amorce l’orage,
De mes émotions fracassant le barrage,
S’efforçant dans l’abîme à les précipiter.
Je connais la colère et l’entends crépiter.
Impuissant je ne puis maîtriser cette rage,
Laquelle, sans scrupule, à l’esprit fait outrage
Quand mes pauvres remparts se font décapiter.
Me voici fulminant, quel Arès pitoyable,
Infligeant alentours ma fureur implacable,
Juché sur mes ergots, j’invective et je mords.
Lorsque l’ire s’épuise en me laissant exsangue
La tempête s’éloigne, éteignant la harangue,
Et je baisse les yeux, dévoré de remords.
Valérie Berthet-Boyer
LES PÉCHÉS CAPITAUX…
LA JALOUSIE
LES CAPRICES DE L’AMOUR
Ne vous l’avais-je dit ? Toujours gagne l’amour…
Avez-vous remarqué qu’il se montre farouche
Quand on croit le tenir, né d’une ardente cour ?
Ne fait-il pas faux bond à la moindre escarmouche
Alors qu’on le croyait fidèle troubadour ?
Je vivais d’espérance, attendant qu’il me touche,
De Cupidon brûlant d’être enfin l’objectif.
Apparut le galant… D’une seule cartouche
Il attendrit mon cœur et le retint captif.
Je m’engageais entière et lui vouais mon être
Mais le bellâtre était un Dom Juan actif.
Il pensait me duper, c’était mal me connaître…
Ivre de jalousie et guettant son retour,
Sans l’ombre d’un regret j’assassinais le traître.
Ne vous l’avais-je dit ? Toujours gagne l’amour…
Valérie Berthet-Boyer
LES PÉCHÉS CAPITAUX…
L’AVARICE
Voûté en dehors, tassé en dedans,
M’avez-vous jamais croisé ?
La ladrerie me nourrit, la rapacité me construit, me priver me réjouit…
Je suis fait ainsi, car avare je suis.
J’avance à petits pas mais j’ai de grands principes.
Pas de charité, point de libéralité.
Si le plaisir a un prix,
Nul n’en vaut la dépense.
Je chipote, je mégote,
Chiche de mon temps,
Pingre de sentiments.
À quoi sert l’humanité ?
Je m’en dispense volontiers
Pour me dévouer avidement
Aux dieux « biens » et « argent ».
Mes possessions j’idolâtre,
J’amasse, j’entasse,
Puis, fasciné, les contemple.
Ma vile passion dévore âprement
Mon âme froide et sans fond.
Rien n’étanche la soif dont fait preuve l’effrontée
Sans jamais se soucier d’aucun don ni partage.
Mais alors,
Si vous m’avez un jour croisé,
Pouvez-vous m’expliquer
D’où me vient ce grand vide qui habite mon être
Et que je ne sais combler ?
Valérie Berthet-Boyer