Jacques Marcel Favre – Artiste littéraire et photographe
Jacques Marcel Favre, Savoyard au sang limougeot, né le 17 février 1964 dans une petite commune frontalière avec l’Italie, répondant au nom de Modane.
« Etoiles des neiges, mon cœur amoureux … »
Simon et les Modanais, pour la séquence nostalgie LOL
Expatrié en Suisse depuis plus de 20 ans, j’y exerce la profession de jardinier après une
reconversion professionnelle en 2000.
L’art, d’une manière générale, m’a toujours attiré.
Pour moi, la création, offrir du rêve comme de la réflexion profonde, entre photographie et écriture, est une source de bien-être permanente.
Avec la photographie, j’aime révéler la beauté secrète des choses que l’on dit simples, sans doute aidé par un regard forgé des séquelles de ma surdité.
Avec l’écriture, j’aime amener le lecteur à l’évasion, mais aussi à l’émotion.
Quand la poésie redevient langage, j’aime offrir à cet art son sens premier : transmettre un message, parfois si subtil soit-il !
Pour moi la poésie se doit d’être évolutive. C’est un peu comme une bible devant s’adapter au monde dans lequel elle prend page.
Douloureux sujet que le Sida infantile, lâche et méconnu.
Mettre des vers sur la mort d’un enfant est une chose difficile, tant ils se doivent d’être justes.
C’est une rencontre dans les années 90 avec le Professeur Dominique Peyramond, grand homme et éminence du corps médical qui ayant exercé en Afrique en pédiatrie, m’a sensibilisé à cette épidémie sur ce continent.
Devant tant de silence encore de nos jours. Devant tant de décès dûs à l’absence honteuse de médicaments, j’ai écrit une quadrilogie consacrée à ce fléau.
Une quadrilogie dont je suis fier puisque ses volets se sont vus gratifiés d’une parution dans différentes anthologies.
Pour moi, l’écriture comme la photographie sont l’expression même de nos valeurs et de nos sens, ce sont en quelque sorte le reflet de mon âme.
Actuellement en projet, je réfléchis à la mise en page de mon premier recueil, illustré avec mes propres photos, sous l’impulsion de Monsieur Daouda Mbouobouo, poète et écrivain a Yaoundé, président de la SPAC et fondateur du projet d’une maison de la poésie à Foumban (Cameroun), auquel j’ai adhéré.
Contact
Email : jacques.favre64@gmail.com
Photographie
Littérature
SURSIS « Une enfance inachevée »
Sélection Europoésie – UNICEF 2023
« Regarder derrière soi, par crainte d’affronter ses peurs. »
Aux portes d’un monde devenu fou, jouxtent des larmes que je voudrais essuyer.
Rivières d’un royaume que l’oubli a déshonoré,
Elles irriguent de leur indulgence, des terres méconnues.
Là-bas, demain s’y conjugue avec incertain,
Là-bas, grandir n’y est plus qu’une illusion sordide et révolue.
Dans ce royaume où le rêve a disparu, j’ai rencontré des enfants aux regards effrayés,
Dans ce royaume où les rires se sont tus, j’ai rencontré des enfants à la vie volée.
Prisonniers des limbes de l’innocence, des enfants coupables d’espérance,
Malades de notre indifférence, la mort ! dans cette quête de la délivrance.
Déportés dans l’enclave cruelle de la désillusion,
Ils disparaitront misérablement dans la solitude et l’abandon.
Par tant de pleurs étouffés, mettre des mots sur cette infamie,
Devant cet ignoble silence, qu’ils deviennent enfin ce cri de la reconnaissance,
Au nom de leurs sourires anéantis, qu’ils deviennent pour eux les vers d’une autre poésie.
Des mots empreints de nos excuses,
Des mots de colère pour un autre lendemain,
Mais des mots justes et profonds,
Dans ce combat inégal et oublié … SIDA.
À Élise (2002-2014)
Jacques Marcel Favre
« Ces enfants doivent se sentir aimés et intégrés par le monde dans lequel ils vivent, sans la stigmatisation que le SIDA continue d’attirer. »
(Lady Diana Spencer, Princesse de Galles, 08.09.1993)
ÉLISE … L’innocence assassinée
Prix d’honneur Europoésie – UNICEF 2021
2002 – 2014
Je m’appelais Élise, je n’étais qu’une enfant.
Je suis morte dit-on, un quatre novembre.
Morte ? où plutôt guérie, heureuse même d’être partie.
Quand la vie n’est que mépris, la mort devient notre meilleure amie,
Quand la vie n’est que souffrance, la mort dès lors comme ultime délivrance.
Je m’appelais Élise, je n’avais que douze ans.
Trop de fois, oui ! trop de fois j’ai entendu pleurer Maman.
Dans ses larmes versées, j’ai vu un jour, son chagrin s’y refléter,
Dans ses larmes versées, ce sentiment d’impuissance et de grande culpabilité,
Au regard de ma vie … qui n’en deviendrait jamais une.
Je m’appelais Élise, je n’étais qu’une enfant.
Ebènes, comme le noir de ma peau, étaient mes jours.
Ebène aussi, mais de bois, était le cœur corrompu de tous ces gens.
Découvrir trop tôt le pourquoi de cette injure,
Le découvrir bien trop tôt et perdre ainsi les raisons de son enfance.
Je m’appelais Élise, je n’avais que douze ans.
Par ce mal emprisonné, la douleur sourde de n’être qu’une offrande et un foyer,
Par ce mal, emprisonnée, la sombre douleur de l’innocence assassinée.
Détruisant toutes mes forces, soumise aux à-coups de ses fangeuses perfidies,
Mon corps lapidé, en était devenu la proie misérable et résignée.
Je m’appelais Élise, je n’étais qu’une enfant.
A la fin de ma vie, la chaleur apaisante d’une main posée soudain ressentie.
La chaleur toute dernière d’une main posée … celle de Maman.
Les yeux levés, vides et rongés par la tristesse du départ,
Son visage en pleurs, les traits pétrifiés mais sincères.
Comme pour me demander pardon,
Comme pour me dire au revoir,
Comme pour me dire … à bientôt.
Jacques Marcel Favre
« These children must feel loved and integrated by the World in which they live, without the
stigma that AIDS continues to attract. »
(Lady Diana Spencer, Princess of Wales, 08.09.1993)
ÉLISE… Innocence Murdered
(2002 – 2014)
My name was Élise,
I was only a child.
I died, they say, on the fourth of November.
Dead? Where rather healed,
happy even to have left.
When life is nothing but contempt, death becomes our best friend, when life is only suffering,
then death as the ultimate deliverance.
My name was Élise,
I was only twelve years old.
Too many times, yes!
Too many times I heard mummy cry. In her tears shed, I saw one day, her sorrow reflected there,
in his tears shed,
this feeling of helplessness
and great guilt, looking at my life… Which would never become one.
My name was Élise,
I was only a child.
Ebonies, like the black of my skin, were my darkest days.
Ebony too, but made of wood stone, was the corrupt hard-hearted of all these people. Discovering too soon
the reason for this insult,
discovering it far too early and thus losing the reasons for my childhood.
My name was Élise,
I was only twelve years old.
By this imprisoned evil, the dull pain of being only an offering and at home, by this evil, imprisoned,
the dark pain of murdered innocence.
Destroying all my strength,
subjected to the shocks of its muddy perfidies,
my stoned body had become its miserable and resigned prey.
My name was Élise,
I was only a child.
At the end of my life,
the soothing warmth of a laid hand suddenly felt. The very last warmth of a hand placed…
That was mummy’s.
Eyes raised, empty and eaten away by the sadness of departure, her crying face, petrified but sincere features
deep in her.
As if to ask for forgiveness, as if to say goodbye,
as if to tell me…
See you soon my darling.
© Translated from French to English by Elena Vargas.
COMME UNE HIRONDELLE SANS BAGAGE
Sélection du prix international Arthur Rimbaud 2022
Saison folle de nos envies,
Au printemps de l’existence,
D’une fleur éclose à la vie,
S’ouvrent des pétales d’espérance.
Effrontée d’un futur à construire,
Dans ce présent fait de vagabondage,
Souffle alors l’entonnant zéphyr,
Sur l’hirondelle sans bagage.
Navire à l’assaut des océans,
Promesse de nouveaux horizons,
Par l’étrave juvénile de son chant,
Jeunesse en deviendra le nom.
Mais à toi l’oubliée du vaisseau,
À qui l’ivresse à fait faux bond,
Quand vivre même n’était qu’un fardeau,
Comment croire si tout n’est qu’abandon ?
À toi qui aurait eu vingt ans,
Pardonne-nous notre indifférence.
À toi qui aurait eu vingt ans,
S’en excuser, pour rompre le silence.
Dans ce rêve interrompu,
Puissent tes larmes laver cet affront,
Au regard de l’arbre abattu,
Élise était ton tendre prénom.
***
Prisonnière d’un SIDA déclaré, l’hirondelle de Kinshasa ne viendra pas.
Délivrée d’un hiver bien trop long, l’hirondelle tant attendue, ne s’envolera plus.
(Élise 2002 – 2014)
Jacques Marcel Favre
Il est une poésie sombre aux vers endeuillés,
Sonnet d’un drame d’aujourd’hui, lâche et méconnu,
Puissent nos lectures en essuyer les larmes.
CHALEUNG
« le petit prince est mort »
Prix d’honneur Europoésie-Unicef 2022
Il était cette fleur que l’insecte aurait choyé,
Il était la magie tendre de l’enfance,
Mais quand l’illusion en chasse l’innocence,
Absurde serait de croire aux contes de fées.
Si le monde s’acharne à vous effacer,
Quand coule le poison de l’indifférence,
Le rêve presque fou de la délivrance,
Il était cette fleur que l’on a piétinée.
Lorsque la vie s’habille d’un profond mépris,
Lorsque la mort courtise cette tragédie,
De nos pourquoi, peindre ce funeste tableau.
Douleur incomprise d’un Mékong rouge sang,
Il était cette fleur prisonnière du chaos,
Chaleung, toute l’horreur du SIDA d’un enfant.
***
Chaleung s’est éteint à l’hôpital pour enfants d’Angkor,
il n’avait que sept ans.
Comme lui, trop de bambins naissent encore chaque jour
dans le monde, infectés par le VIH SIDA.
En l’absence de médication, ces bambins oubliés deviendront des proies
inexorables et faciles.
Jacques Marcel Favre
LE GRAND VOYAGE
Dans les méandres de la pensée,
Au travers d’instants révolus,
Il est un souffle mystérieux,
Ravivant les braises de nos souvenirs disparus.
Eclats d’un temps passé, soudain ressurgi,
Aquarelle de saisons égarées,
Entre nuances claires et sombres aperçues,
Le grand décor du train de notre vie.
Coloré de quelques impétueux Autans,
Pour chacun d’entre nous,
L’aiguillage de ses rails en sera dès lors, bien différent.
Avec des arrêts courts et d’autres un peu plus longs,
Epousant détours et nombre d’imprévus,
C’est lui, capricieux mais fidèle,
Qui en choisira l’infrangible destination.
Et quand bien même celle qui nous aurait été choisie,
Ne nous semblerait pas confortable,
Passager ou prisonnier,
Déchiffrer en elle, le sens d’un parcours indéniable.
Le sens de ce parcours,
Comme une quête personnelle du pourquoi,
Façonnée d’interrogations et de réponses recherchées en soi.
Les raisons de ce voyage …
Quand les aléas du temps en deviennent alors les bagages,
Emplis de joies et de peines,
Mais aussi de quelques ambages.
Jacques Marcel Favre
ANNIE … « Là-haut ! Brillent les étoiles. »
Sélection La Lyre Fréventine 2023
Au vent des moissons et orages d’été, mourir d’aimer,
Visconti, Audiard, Zidi, Carné …
Vivre pour vivre, que de souvenirs, souvenirs !
Dans la tourmente et la zizanie,
Le courage sans égal de dire encore « Merci la vie ».
L’étoile que je contemplais, un jour pourtant s’est retirée,
Laissant derrière elle, les trames de son histoire,
L’étoile que je contemplais, un jour s’est assombrie,
Quand s’éteint la flamme de notre mémoire,
« Oublier tout simplement que l’on a oublié ! »
Si le temps n’existe plus,
Lorsque les souvenirs ont disparu,
Du sombre recouvrant le cœur,
Se poser alors cette amère question :
« Qui devient-on, de quoi avons-nous peur ? »
Sur ce chemin de grande solitude,
Le scénario tragique d’un douloureux destin,
Théâtre de lendemains aux absentes chansons,
Entre tristesse et incertitudes,
Comment vivre si tout n’est qu’abandon ?
Dans les coulisses de la vie,
L’étoile que je contemplais, un jour s’est emmurée,
Dans les méandres de la nuit,
L’étoile que je contemplais, un jour s’en est allé …
Retrouver ce firmament où elle avait tant brillé.
Là-haut, paraît-il ! c’est un peu la bande à Bonnot.
Là-haut, dit-on ! elle a rejoint Louis, Jean-Claude et Lino,
Et puis, quand deux femmes de courage se retrouvent,
Françoise redevient Annie,
Mais pour un rôle désormais, aux couleurs de l’infini.
Annie Girardot (1931-2011)
Jacques Marcel Favre
« La légende raconte que de son chagrin serait née sa folie. »
CAPE COAST
« Les portes de la nuit »
Alizé tempétueux de mon histoire,
Il est ce vent aux cicatrices accablantes,
Tourbillon d’amertume empreint de mémoire,
Son souffle ravive des braises indécentes.
De sa colère frappant les vagues vers l’inconnu,
L’écho fratricide d’une infâme corruption,
À ma vie échangée pour quelques bouts de tissus,
Ces chaînes trop lourdes d’une sombre prison.
Crucifié dans l’enfer de ce purgatoire,
Ma rage de vivre en réponse à la douleur,
Comme une lame aiguisée ciselant tout espoir,
De sépulcres accostés, le saignement de mon cœur.
Sur les quais d’un port devenu cimetière,
Meurtrie, implorante de tout son être,
Mon âme ! Arrachée du plus profond de ma chair,
Pleurant son adieu à la terre de ses ancêtres.
Nombre de récits conteront la traversée du milieu,
En hommage à mes frères, sœurs et enfants,
Cette poésie puisée des larmes de ses yeux,
Que vos lectures apaisent les souffrances de L’Harmattan.
Jacques Marcel Favre
LES DÉCHIRURES DU TEMPS
« Ô ! temps, suspends ton vol »
(Alphonse De Lamartine contemplant le lac du Bourget)
Sélection Europoésie-Unicef 2022
Sélection Prix international Arthur Rimbaud 2023
Passé, présent ou à découvrir,
L’instant n’est que fraction.
Perdu entre celui à venir,
Et l’instant que l’on dit révolu,
Saisir aujourd’hui, ce temps qui n’est déjà plus.
Fragile, imminent, précis,
Parfois même où l’on s’y réfugie,
Heureux ou moins chanceux, mais à vivre,
L’instant d’un instant, s’en affranchir,
D’instant en instant, le redécouvrir.
Eclat d’une illusion suspendue,
Il est celui que l’on voudrait prisonnier.
Par la fleur éclose de nos envies,
Ce rêve fou de l’instant retenu,
Parcourir l’éternité.
Jacques Marcel Favre
« Nul ne peut atteindre l’aube
sans passer par le chemin de la nuit »
Khalil Gibran
LE SABLIER DU TEMPS
Au regard d’étranges métamorphoses,
Comme le sablier du temps qui s’écoule et que l’on compose,
La vie ! musique aux innombrables tempos,
Symphonie de joies et de peines dans ce monde où nous avons éclos.
Mais un jour, la pendule en oublie ses heures,
Quand l’instant se décroche, la fleur coupée se meure,
Dans la nuit étoilée, l’éclat de nos souvenirs,
Flambeau de notre vécu, les pages d’une écriture à retenir.
Bénis du pardon de nos proches, rejoindre l’éternité,
En s’excusant de les avoir fait pleurer, se sentir apaisé,
Puissent cependant leurs larmes irriguer d’espérance,
En notre mémoire, le chemin poursuivi de leur digne existence.
Sur ce navire d’incertitudes, entre remous et tracas,
Notre amour soufflera pourtant, en réponse à leurs pourquoi,
Prière emprunte d’humilité et de ferveur,
Il deviendra lumière, dans leur solitude et âpres douleurs.
« Dans la nuit étoilée, l’éclat de ton souvenir. »
A ma mère …
Jacques Marcel Favre
PANIER DE SAISON
Acte 1
Haut comme trois pommes, Bernard est un gamin aux oreilles de choux espiègle et farceur.
Ce matin pourtant, bien que très attachant avec son cœur d’artichaut, couvert d’un bonnet d’âne, Françoise l’institutrice l’a envoyé au piquet.
Pour avoir ramené sa fraise en cours de géographie, il y a été planté là, comme un poireau,
devenant avec la honte, rouge puis carrément écarlate … comme une tomate.
De retour à la maison, Guillaume le père ne lui donne pas raison.
« Mais pourquoi as-tu traité la maîtresse de patate ? » demande-t-il.
Faut dire que Bernard est franchement bonne poire. Il a même un pois chiche dans le crâne
et croit à toutes les salades qu’on lui dit.
« Monte dans ta chambre. »
« Prends-en de la graine. » rétorque son père.
Bernard n’a plus vraiment la banane, cerise sur le gâteau, lui qui avait déjà la tête comme une citrouille, se ramasse une châtaigne.
Acte 2
Le regard dur, une lettre à la main (celle de Maître Corbeau, huissier à Vierzon), Blanche la mère rejoint Guillaume.
Ce dernier se doute bien de quelque chose, car dans la maison depuis longtemps, les blés sont fauchés, ils n’ont plus un radis.
« Mais comment mettre du beurre dans les épinards ? » s’interrogent-ils tous deux.
Guillaume hésite à répondre.
Et puis ! Ferme et enthousiaste, il s’écrie :
« Y’a le vieux ! »
« On a qu’à appuyer sur le champignon, il est plein aux as, il sentira rien. »
Souvent bourré comme un coing, il est vrai que le père de Blanche, mourant est garni d’oseille.
« Faisons-lui bouffer les pissenlits par la racine ! »
« De toute façon, les carottes sont cuites pour lui, c’est la fin des haricots. » enchérit-il dans son élan, le regard ferme et convaincu.
« Je t’aime mon Guillaume, tu es génial » s’exclame alors sa douce et adorée,
les yeux en amandes et l’air soulagé.
Epilogue
On ne nous dira point si Guillaume et Blanche avaient « bonne conscience » ou si Bernard a entendu les dires de ses parents, mais la moralité de cette histoire voudrait que ce soit à eux d’adopter « profil bas », car après tout ce n’est pas très beau … que de faire ses choux gras.
Jacques Marcel Favre
Notre souffrance, ne devrait-elle pas nous ouvrir à celle des autres ?
L’ARROSEUR ARROSÉ
« Satire d’un monde au système pécuniaire,
puissent les pétales de son cœur égaré,
éclorent aux douleurs de ses frères. »
A Élise 2002 – 2014
Dans l’univers merveilleux de Disney,
J’ai aperçu nombre de mouffettes, boeufs et agnelets.
Dans ce royaume aux innombrables châteaux,
J’ai découvert de drôles de zigotos.
Certes quelque peu disjonctés,
J’aimerais si vous le permettez,
Dès à présent pouvoir vous les présenter.
Voici tout d’abord Baloo, cet ours soprano se léchant les babouines,
Si le grand méchant loup … badine.
Mais que dire de ce dernier ? Prêt à charger son flingo,
Lorsque Bent le coyote fait le rigolo.
Au pays des « Il était une fois », Bent, lui, se frottera la panse,
Devant un renard Grand Coquin menant la danse.
Mon Dieu ! Pourquoi tant de cruauté ? Vous m’en voyez horrifié.
Aujourd’hui Grand Coquin est absent,
Archimède le hibou pourra enfin donner du chant.
Au final, si Naveen la grenouille badine,
Le savant Archimède, à son tour, se léchera les babouines.
Larmes d’effroi soudaines pour son amour ingurgité,
Une Princesse Tania à jamais dévastée.
Quand Pinocchio s’absente, Geppetto s’impatiente,
Et l’espiègle Monstro s’enchante.
Baleines déchirantes et déchirées,
Par la main d’hommes terrifiants, aujourd’hui terrifiés,
Pour une vie moins malheureuse, ils en avaient oublié la faucheuse,
Mais au bal des prétendants maudits,
La valse stratégique de tous les ennemis,
Parce qu’au bout du compte :
« Quand les virus chantent … ce sont les hommes qui déchantent. »
Jacques Marcel Favre
« Le désir utilise une occasion du présent,
pour ébaucher une image d’avenir,
d’après le modèle du passé »
Sigmund Freud
MOURIR D’AIMER
La terre, l’eau, l’air, le feu …
Si tu deviens terre de nos moissons,
Je t’offrirais mes semences honorées,
A l’instar de cet amant jardinier,
Cultivant ton plaisir dans l’Eden des saisons.
Noyé dans l’ivresse de ta poésie,
Je voguerais sur les flots de la tentation,
Au-delà des mers et océans d’interdits,
Pour submerger tes nuits de libertines attentions.
Zéphyr effronté d’effluves charnels,
Quand le désir soufflera sa brise magnétique,
Nous découvrirons l’ouragan passionnel,
De ces galants tempétueux et frénétiques.
Osmose enflammée d’âmes corrompues,
Par l’étreinte brûlante de tes lèvres embrasées,
Du glaive conquérant, fier et attisé,
Jaillira le feu de l’extase défendue.
Jacques Marcel Favre
ORADOUR
« Les portes de la nuit »
Entre larmes et sangs coulés,
Il est une mémoire que je voudrais vous raconter.
Quand la cruauté s’enivre d’extase,
Il est une souffrance que le temps ne saurait effacer.
En ce jour de juin, nul ne se doute de son destin,
En ce jour de juin, l’horreur pourtant, n’est plus très loin.
Dans le bourg assiégé, valse une meute de hyènes enragées,
Sur les étals du marché, la mort vient d’y être présentée.
L’orage venu, les hommes furent conduits en ces lieux d’où on ne revient plus.
Fusillés pour la plupart, mais aussi blessés pour certains,
Ces derniers embrasés, périront par la paille et le foin.
Au cœur de l’ouragan, tintent les cloches du néant,
Dans le sombre de la tempête, les cris déchirants de mères et d’enfants.
Retenus dans une église en feu, l’épreuve douloureuse de se dire adieu,
Prisonniers de l’église en feu, comment croire encore à l’existence de Dieu ?
Page sombre d’un épilogue tourmenté,
L’écriture insolente d’humbles femmes dévêtues et abusées.
Par la question dérangeante du pourquoi,
Comprendre les raisons de ce double assassinat.
Quand la folie rejoint la barbarie, que faire devant celles-ci ?
Au nom de ces victimes innocentes, avec honneur, le devoir de nous indigner.
Au nom de cadavres terrifiants et terrifiés, avec honneur, le devoir de ne pas les oublier.
Histoire abominable ou abomination de l’histoire,
Oradour, ton nom pour toujours.
Histoire abominable ou abomination de l’histoire,
Se souvenir, ce n’est pas haïr,
Se souvenir, c’est au contraire reconstruire,
Se souvenir ! … tout simplement, pour ne pas les trahir.
A ma grand-mère Anna
Jacques Marcel Favre
LA FORCE
(Entre sagesse et réflexions)
Fort de constater que l’autre jour je n’avais plus de force,
Epuisé, je m’étais résigné à un repos ( forcément ) … forcé.
Mais au fond, qu’est-ce que la force ?
Avec force volonté, mais aussi à force d’en chercher le sens,
J’ai trouvé entre toutes ces forces, celle qui était mienne.
Il y a fort longtemps, je pensais qu’être fort,
C’était un peu comme … « ne plus pleurer, ne plus avoir peur ».
Il y a fort longtemps, je pensais qu’être fort,
C’était un peu comme … « décrocher la lune, déplacer les montagnes ».
Aujourd’hui, je pense que la force véritable nous est profonde, sage et invisible.
Aujourd’hui, je pense que la force n’est plus de déplacer les montagnes,
Mais au contraire de reconnaître enfin la leur.
Avec modestie, ce souhait le plus fou de pouvoir m’en imprégner,
Avec déférence, le devoir de les en remercier.
Par la force de notre humilité, en devenir ainsi plus fort,
Gratifié en retour, d’une magie rare et merveilleuse …
Forte d’arrêter le temps, le temps de cet unique instant.
Jacques Marcel Favre
L’ECHO DE MON ENFANCE
Entre faux diables et vrais Saints,
Certains te disent froide et d’autres austère,
Je te l’assure, il n’en est rien,
Car près de toi, seuls les départs ont un goût amer.
Avec ta notable et parente voisine, Italie,
Que d’échanges et de relations bienveillantes,
Hannibal s’y serait rendu par le Mont-Cenis,
S’octroyant ces lettres posthumes d’histoires fascinantes.
A rendre jalouse Diane et Artémis,
Par les flèches enneigées de ton Arc pastoral,
Ressentir tes parfums enivrants et complices,
Exhalés, de ta noble confluence au captivant Bonneval.
Du Galibier à Bessans, d’Aiton à Orelle,
Tes rivières nous inondent du pourpre de leur puissance,
Patrie de tes fils légendaires, Balmain et Opinel,
Tu sublimeras le retour du « Belle et Sébastien » de mon enfance.
Aujourd’hui et pour demain, le grand passage du Mont-Ambin,
Dans tes entrailles désormais, l’écriture d’une ingénieuse mise en scène,
Où les chants entonnés deviendront de formidables refrains,
À l’image de ta magie coulant dans mes veines, toi ! Ma fascinante Maurienne.
Modane, Parc national de la Vannoise : l’Aiguille Doran
Jacques Marcel Favre
Il est une poésie sombre aux vers endeuillés,
Sonnet d’une tragédie lâche de notre histoire,
Puissent vos lectures en essuyer les larmes.
LA RAFLE
« I will never see my house again »
Izieu, 6 avril 1944
Fleurs écloses d’une promesse à la vie,
En cet hiver tempétueux de l’existence,
De vos pétales enivrés d’espérance,
Vous étiez nos sourires au cœur de la nuit.
Epargnée des ténèbres de la barbarie,
La magie merveilleuse de votre enfance,
Mais quand l’illusion en chasse l’innocence,
N’être plus que des fleurs piétinées et trahies.
Efflorées par les griffes de hyènes enragées,
Fleurs fragiles coupables d’une identité,
Le devoir de partir, le devoir de mourir.
Devenues mémoires aux effluves du pardon,
Vous êtes aujourd’hui ces fleurs du souvenir,
Suppliant le monde d’un retour à la raison.
Enfants d’Izieu : « Return to home and school »
Jacques Marcel Favre
Elle est cette poésie vraie aux rimes écorchées,
Sonnet d’une icône franche et authentique,
Puissent ces vers en applaudir le courage.
SHEILA
Six décennies au vent d’un fabuleux destin,
Embrassées d’un parcours incroyable et sans faute,
En gravir dès lors les marches les plus hautes,
Bravo à toi ! « petite fille de Français moyens ».
Signature lâche d’infâmes calomnies,
Quand souffle l’amertume et la tourmente,
Combattre ces rumeurs et remous qui la hantent,
En essuyant dans la foi, les larmes de sa vie.
Quand le coeur s’assombrit de douloureux nuages,
Dans la nuit étoilée, la lueur d’un visage,
Il était son enfant, sa chair, son diapason.
De l’offense perpétrée à une mère,
Le choix de rebondir grâce à la chanson,
Sheila ! L’amour toujours et pour seule prière.
Jacques Marcel Favre
MÉTAPHORE DE L’AMOUR
L’amour est un arbre puisant dans l’ivresse de son autre,
Les feux dont il aura besoin pour grandir et fructifier,
Écorcé par les nombreuses bavures du temps,
Ce dernier, vidé de sa sève, bien souvent s’effondre.
Emportées dans sa chute par les blizzards de la discorde,
Les graines ensommeillées de ses fruits, mises à terre,
N’attendent, pour renaître aux hivers de la vie,
Que la chaleur suave et caressante d’un autre soleil.
Un tout autre soleil pour une poésie vraie et profonde,
Mais un astre sincère pour une souche verdoyante,
Dont les branches fleuries d’un désir nouveau,
Enivreront de parfums, ces lendemains espérés.
Comme un Messie annonçant sa proche venue,
De l’aurore contemplée, la lueur d’un nouvel horizon,
Phoebus d’espérance dans l’écrin de mes yeux,
Il deviendra ce phare scintillant sur le chemin de mon cœur.
Jacques Marcel Favre
« J’ai vu pleurer les Ents »
SONNET POUR L’ESPÉRANCE
Sélection La lyre freventine 2024
Natives primaires, parfois tropicales,
Mangroves silencieuses ou arctiques taïgas,
D’Iran sublimées au grandiose Canada,
Leurs poésies soulignent une force ancestrale.
Empreintes de légendes et de cabale,
Elles nous enchantent d’histoires d’autrefois,
Mais quand l’illusion en détourne l’apparat,
N’être plus qu’urbaines, sombres et glaciales.
Insultées de nos jours, friables et asservies,
Nos forêts s’effeuillent, victimes de folies,
Puisse Dieu, nous faire alors entendre raison.
Devant les douleurs que nous avons engendrées,
Aujourd’hui, ce devoir d’implorer leur pardon,
En acceptant nos torts, avec humilité.
Jacques Marcel Favre
« Quand la guerre vous prend ceux que vous aimez »
LES LARMES DU SOUVENIR
A Lucien Jaggi
A Toi qui les pleure encore, fils et maris,
Appelés au nom de la Mère-patrie,
Tes traits soulignent drames et souffrances,
A l’instar d’un pays enserré : la France.
Ton courage se lit pourtant sur ce visage de douleur,
Humble et solitaire, bénie d’honorable candeur,
Combattante de la haine et du mépris,
Le malheur et la peine sont tes pires ennemis.
Malgré un cœur arraché, ton âme n’est que piété,
Entre larmes et tragédies, quand la mort sublime l’atrocité,
L’amertume de leur absence et de sombres pourquoi,
S’aguerrir pour ne plus souffrir, tu te relèveras.
A Toi qui dans la tourmente a su donner son pardon,
Façonnée de bronze, en ce village de Termignon,
Tu implores notre monde d’un devoir de paix et d’humilité,
Puisse-t’il dès lors entonner les chants de la fraternité.
Une femme en costume savoyard qui pleure un fils, un mari …
Monument aux morts avant-gardiste dénonçant les horreurs de la guerre,
« La pleureuse de Termignon » défraya les chroniques de son époque.
Œuvre de l’artiste genevois Lucien Jaggi, il fut inauguré en avril 1931.
Jacques Marcel Favre
Elle attendait la nuit,
Dans ce Caire endormi,
Pour compter les étoiles,
Et puis elle a grandi.
DALIDA … Les larmes de la gloire
« Une destinée en chansons »
D’innombrables blessures de vie,
Ont effloré ses frêles pétales,
Dans ce Paris qui l’avait accueillie,
Théâtre d’une gloire triomphale.
Malgré quelques faux plis et faux pas,
De Bambino au Sixième jour,
Que de larmes coulées à toujours,
Pour en arriver là !
Seule dans un voyage vers nulle part,
Quand trop de bruits vous réclament,
Ce regret assassin ciselant tout espoir,
De n’avoir pu être cette autre femme.
Quand le rêve épouse le néant,
Devenue proie mélancolique et honteuse,
Comme un oiseau privé de ses chants,
Faire alors semblant d’être heureuse.
Profonds, intimes et d’amour,
Ses mots d’appel au secours,
Pour nous, sincères et derniers,
Les p’tits mots d’une ultime volonté.
La rose que j’aimais,
Est morte un mois de mai.
Dans ce Paris qui l’avait accueillie,
Théâtre d’houleuses tragédies.
« Va ! petite étoile, pour l’éternité »
Iolanda Cristina Gigliotti
(1933 – 1987)
Jacques Marcel Favre
ARC-EN-CIEL
« Un ange a caressé mon âme »
Lueur rougeoyante d’une aurore dans mes yeux,
Un ange a caressé mon âme de ses ailes ambrées,
Métissant au passage les jaunes d’un soleil éperdu.
Irradié d’amour, par de jades Auras naissantes,
Entrevoir sous leurs feux, le bleu céleste de la vie,
Reflet divin d’un ciel aux puissances indigo,
Embraser de sa lumière, l’améthyste de mon existence.
À mon Ange gardien.
Jacques Marcel Favre