Page 24 - Traité de versification, métrique et prosodie
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                     Suggérant que le mets fût un dessous de table,       E
                     Quelque salaire occulte obtenu d'un goupil.          F

                     Le juge du canton goûtait sa bonne chère             G       quatrain
                     Et l'autre l'engraissait : canard, chapon, rôti...     H
                     L'homme sage ignorait la vertu maraîchère            G
                     Tandis que le bavard ménageait son parti.            H

                     Or il advint qu'un jour la pie,                      I
                     Pourtant habile en son envol,                        J
                     Se vit piéger, fripouille impie,                     I       passage en
                     Au moment précis de son vol :                        J       octosyllabes
                     Un ciboire avec ses hosties.                         K       car le rythme
                     Le peuple, fidèle dévot,                             L       accélère
                     Hostile au sac des sacristies,                       K
                     Criait "la corde ! l'échafaud !"                     L

                     Ne voulant trier sa potence,                         M       quatrain
                     Elle appela notre putois                             N
                     (dans un tel cas sage prudence),                     M
                     Le chargea d'assurer ses droits.                     N

                     L'orateur proclamait... Le prévôt, sans malice,      O       retour au rythme
                     Savourait son talent. Puis réfléchit au don          P       de l’alexandrin
                     Qu'il accepta de lui : ce somptueux calice...        O       pour la plaidoirie
                     Sans bien l'avoir compris, elle obtint le pardon,    P
                     D'un oignon ciselé paya cette rencontre.             Q

                     Moins d'une année après, soupant chez le ténor,      R       tercet
                     Le juge reconnaît sur lui sa belle montre,           Q
                     Qu'il croyait égarée, il réclame son or...           R

                     "Un larcin pour salaire est juste prix, me semble !   S      morale
                     Le recel et le vol ont appui mutuel,                 T
                     Votre appétit de l'un pour l'autre était l'exemple !"   S

                     Ricana le corbeau qui surprit leur duel.             T       monostiche
                     (Franck Lafossas)

         4-5 Le lai
         Forme très ancienne de chanson (lied germanique).
         Composé  d’un  nombre  indéterminé  de  couplets  bâtis  sur  2  rimes  dont  une  dominante.  Les  couplets
                                                                                   er
         comportaient des vers mélangés de 3, 5 et 7 pieds. Seule contrainte : le 1  et le dernier vers avaient la
         même combinaison. Il s’agissait donc plus d’un genre littéraire que d’une forme fixe. Il a été abandonné
         au XVI° siècle.
         L’actuel regain d’intérêt pour les formes fixes anciennes, et médiévales, conduit à définir un lai moderne.
         M’inspirant de la définition fournie par Eugène Garcia, je propose de le bâtir :
         Sur des tercets en nombre indéterminé, le nombre préférable étant 5 ou 6,
         Sur 2 rimes, rime féminine A et masculine B en : AAB
         Le vers A comportant 5 pieds,
         Le vers B comportant 2 pieds, ce qui explique que le masculin soit préconisé.

         Il ne s’agit que d’une proposition de définition car je n’ai trouvé aucune définition historique.
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