Page 27 - Traité de versification, métrique et prosodie
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Cela n’est pas si compliqué qu’il paraît. Tentons un exemple, sans nous prendre au sérieux : :
J’apprends le rondel
Demain, je saurai le rondel, A1
Car je maîtriserai sa règle. B1
Survolant ses vers comme un aigle, B
Youpi ! Le nouveau ménestrel… A
A moi, pain blanc et caramel ! A
C’est fini, la miche de seigle ! B
Demain, je saurai le rondel, A1
Car je maîtriserai sa règle. B1
Vers l’Académie… Immortel ! A
On m’élira maire de Bègle* ! B *licence poétique de Bègles
Poète maudit, espiègle, B
Je lance l’avis solennel : A
Demain, je saurai le rondel ! A1
(Franck Lafossas)
4-9 Le sonnet
En alexandrins, composé de 2 quatrains suivis de 2 tercets, pour un total de 14 vers.
Les rimes des 2 quatrains s’embrassent, en ABBA, ABBA.
Il existe plusieurs façons de poser celles des 2 tercets mais on s’accorde à préférer CCD, EDE, pour un
meilleur équilibre.
La rime du premier vers du premier quatrain et celle du dernier vers du second tercet s’opposent donc en
genre.
Un sonnet ne peut comporter aucune répétition.
L’idée générale doit en être résumée, ou mise en valeur, dans le dernier vers et, en tout cas, le plus près
possible de la fin.
Il ne peut supporter de rime trop faible et la consonne d’appui doit être recherchée.
Dans l’exemple qui suit, le sens du poème, à savoir la crainte de l’au-delà, n’est révélé qu’au dernier vers
:
Hamlet
Ombres, qui sommeillez en d’humides tombeaux, A
Guérites de l’octroi d’une lande éternelle ! B
Purs esprits, dévêtus d’enveloppe charnelle ! B
Squelettes, vieux débris, hardes, haillons, lambeaux ! A
Et toi, jetée aux vents, cendre sans oripeaux, A
Pour féconder la boue, argile originelle ? B
Ou te mêler aux flots, marine ritournelle ? B
Ignorante à jamais de l’honneur des flambeaux ! A
Qu’il dut être apaisant d’oser une espérance C
Au moment d’émigrer vers la dernière errance, C
Quand les frimas du corps annonçaient votre hiver... D
Répondez à ce cri, de votre observatoire, E
Carillons de l’éden, glas sombres de l’enfer : D
Ce doute, qui me brûle, est-ce mon purgatoire ? E
(Franck Lafossas)