Marie-Antoinette Andres – Artiste littéraire

Marie-Antoinette Andres a consacré la première partie de sa vie aux sciences. Après des études de physique et chimie, elle a exercé successivement les métiers de secrétaire puis d’attachée d’administration, d’analyste en informatique de gestion et celui de professeur certifié de mathématiques.

L’arrivée de la retraite lui a permis de s’adonner à d’autres disciplines jusque là inaccessibles faute de temps, dans le domaine littéraire, psychologique et artistique, chacune d’entre elles étant alimentée par les autres et les alimentant à son tour.

L’aquarelle, l’astrologie, la lecture, la musique figurent parmi ses passe-temps favoris. Elle accompagne également son mari Daniel, guitariste et cantaor, dans quelques chants traditionnels andalous auquel il a si bien su l’initier.

L’Enneagramme envolutif lui a ouvert les portes de la PNL, de l’EFT et surtout de l’hypnose Éricksonienne qu’elle exerce en tant que maître praticienne dans un but thérapeutique. Des formations en sonothérapie et mouvements oculaires sont venus enrichir cette pratique et lui ont fourni des atouts supplémentaires dans le domaine poétique qui lui a toujours été familier.

Marie-Antoinette est membre de la Société des Poètes Français et des Arts et Lettres de France dont elle a eu la joie de recevoir, en 2019, la médaille d’argent et en 2021 la médaille de vermeil.

Elle est également chevalier dans l’ordre des palmes académiques.

Recueil

Un recueil publié : « Mon jardin en Poésie »

Ce recueil a obtenu en 2015, le prix Marie Noël décerné par la Société des Poètes Français.

Il est disponible par commande auprès de l’auteur à l’adresse suivante : plume.grillon@gmail.com

Récompenses

  • 2021 : Prix Paul Verlaine Société des poètes français pour le recueil « Que dansent les étoiles en pluie sur les vagues intemporelles de la poésie »
  • 2021 : 1er de l’Académie des Sciences, arts et belles lettres de Mâcon
  • 2021 : Plume d’or Montélimar
  • 2021 : 1er prix de traduction de poésie russe
  • 2020 : Alérion d’or (SPAF Lorraine – grand-Est)
  • 2020 : Grand prix de Boujan sur Libron
  • 2019 : 1er prix du sonnet (Arts et Lettres de France) et 2ème Prix de poésie classique et de poésie néoclassique (Arts et Lettres de France)
  • 2019 : Prix Claude-Marie reine des poètes (genêt d’or, Perpignan)
  • 2018 : Prix Arthur Rimbaud de la Société des Poètes Français pour le tapuscrit: »Feuilles de pluie sous le soleil du petit mas » (recueil de poèmes non encore publié)
  • 2018 : 1er prix de Lai (Arts et Lettres de France)
  • 2018 : Prix du 95ème anniversaire (genêt d’or, Perpignan)
  • 2017 : Grand prix des Lettres (Arts Sciences Lettres)
  • 2017 : Prix Albert Bausil (chanson poétique – Genêt d’Or – Perpignan)
  • 2017 : Prix Paul Corazzi (Genêt d’Or – Perpignan)
  • 2016 : Prix Soledad (Genêt d’Or – Perpignan)
  • 2016 : 1er prix de l’humour (Arts et Lettres de France)
  • 2016 : 1er prix de poésie libre (LPO Champagne – Ardennes)
  • 2016 : 1er prix de poésie libre rimée (Montélimar)
  • 2016 : 1er prix de nouvelle (Terres de Camargue)
  • 2015 : Prix Albert Bausil (chanson poétique – Genêt d’Or – Perpignan)
  • 2014 : Grand prix Charles Trenet (Mille Poètes en Méditerranée)
  • 2014 : 1er prix de poésie Néoclassique (Salon Orange)
  • 2013 : 1er prix d’acrostiche (Mille Poètes en Méditerranée)

 


 APRÈS LA NUIT

J’ai vu, par la fenêtre ouverte,
Danser deux jaunes papillons.
L’air était bleu, l’herbe si verte,
Et la vie, plus que de raison,
Gratuitement m’était offerte.

J’ai vu, voler au fil de l’onde,
La libellule aux ailes d’or.
L’eau courait, rapide et profonde.
Moi, dans ce somptueux décor,
Je voyais la beauté du monde.

À l’heure où se lève la lune,
J’ai regardé brûler le ciel.
J’ai senti peines et rancunes
Fondre comme un gâteau de miel
Et se noyer dans la lagune.

Sereine, sur la Terre obscure,
J’attends la nuit qui va venir
Car après elle, j’en suis sûre,
Dans un très prochain avenir,
Viendra l’aube qui transfigure.

Déjà, je vois au ciel immense,
La gloire du soleil vainqueur,
Sa force, sa magnificence,
Et je sens jaillir en mon cœur
La foi, l’amour et l’espérance.

Marie-Antoinette Andres

 


DANSE NOCTURNE

La nuit étoilée,
De givre mêlée,
S’étend.

La lune glacée,
Laisse une traînée
D’argent.

Depuis la nuée,
L’haleine éthérée
Du vent,

Sur l’herbe mouillée,
Douce et parfumée,
Descend.

C’est l’heure où la fée
Paraît couronnée
Au champ,

En simple livrée,
De vapeur nimbée,
Dansant

Pour le coryphée
Qui, sous la feuillée,
L’attend .

Marie-Antoinette Andres 

 


INVITATION AU RÊVE

Prends l'escalier blanc qui monte aux nuages.
Écoute, il t'appelle au cœur de la nuit
Pour te proposer d'étranges voyages :
Scintillant et blanc, il pulse sans bruit.

Il t'attend, serein, et sur chaque marche
Tu pourras glaner des étoiles d'or,
Semées en riant par le patriarche
Qui hante ces lieux quand la terre dort.

Prends cet escalier, le rêve t'invite.
Va, n'hésite plus, vole vers les cieux
Vers l'immense lac où la lune habite,
Et plonge à loisir dans ses rayons bleus

Tu découvriras des mondes étranges
Que nul œil humain n'a jamais connus.
Les démons, parfois, y côtoient les anges...
Et tout disparaît le matin venu.

Aussi, presse toi quand viendra l'aurore,
Dès que tu verras l'escalier pâlir,
Descend le avant qu'il ne s'évapore
Et garde en ton cœur son doux souvenir.

Ainsi, chaque soir, quand reviendra l'heure,
A l'appel reçu du fond de ton lit,
Tu pourras rejoindre cette demeure
Où le ciel nocturne accueille l'esprit.

Marie-Antoinette Andres

 


LE TESTAMENT

Avant de partir pour le grand voyage,
La tante Eulalie avait tout prévu :
L’inventaire entier de son héritage,
Par un clerc obscur était détenu.

Après une vie de libertinage,
Trouvant que la fête avait trop duré,
Avec la sagesse de son grand âge,
Elle était partie sans fleur ni curé,

Laissant un monceau de joyeux messages
Témoins d’un passé long et agité,
Et quelques photos de beaux paysages
Invitant le corps à l’oisiveté.

Lorsque le notaire ouvrit l’enveloppe
Devant l’héritier rouge de plaisir,
Chaussant son monocle (il était myope),
Voyant la longueur il crut défaillir.

Puis il attaqua d’un ton monocorde
La liste des biens au neveu surpris :
Une vieille harpe et son jeu de cordes,
Une énorme assiette, un sachet de riz,

Un ciel de lit blanc, une grande armoire
Remplie de parfums secs ou éventés
Qu’elle reniflait toujours en mémoire
Des générations des siècles passés

Le notaire ainsi, grave et fataliste,
Nomma mille objets trois heures durant
Jusqu’au tout dernier de la longue liste :
Un grand sac plein d’or et de diamants.

Mais depuis longtemps, entr’ouvrant la porte,
L’heureux héritier fort désappointé,
Maudissant l’esprit de la tante morte,
En catimini s’était esquivé.

Marie-Antoinette Andres

 


LE GRAND VOYAGE

Il avait dans le cœur, l’odeur de la savane
Faîte de sang mélé, d’herbe et de ciel trop secs,
Les danses en couleur des toucans aux grands becs,
Et les rubans mouvants des lentes caravanes.

Dans ses yeux ricanait le spectre de la faim,
Sous les traits des enfants mourant à la mamelle
Dans son esprit tournait l’antique ritournelle
Que lui chantait jadis son oncle Joséphin.

Il portait sur son dos pour unique besace,
Le fardeau précieux des rites ancestraux.
Les vagues sur son front imprimaient des vitraux
Dont les reflets changeants formaient une rosace.

Son pays s’éloignait au rythme du ressac
Comme au lever du jour s’évanouit un rêve.
Ses larmes scintillaient au soleil qui se lève
Et la mer le berçait dans le ventre du bac.

Il s’était endormi, serré contre ses frères,
Ses deux mains enserrant l’espoir occidental,
Tandis qu’il poursuivait son voyage fatal,
Ignorant que les vents peuvent être contraires.

L’eau froide l’éveilla dans le soir qui tombait :
Il ne restait plus rien de la fragile barque
Ni de ses compagnons emportés par la parque.
Il regarda la mer... et sut comme il était
SEUL...

 Marie-Antoinette Andres

 


LE MAS DE MON GRAND-PÈRE

L'été, je retrouvais le mas de mon grand-père,
Insolite demeure au charme villageois,
Ses bassins pétillants, ses petits ponts chinois,
Et ses chemins secrets qui fleuraient bon la terre.

La cuisine, surtout, vaste et rudimentaire,
Aux marmites ventrues, aux grands buffets en bois
Où trônaient pots de miel, d'olives et d'anchois
Offrait à mon esprit son généreux mystère.

J'y voyais mon aïeul découper finement
Ciboulette et persil, qu'il versait prestement
Dans la sauce aux oignons qu'il avait éclaircie.

Grand-mère l'assistait, toujours avec douceur,
Passée maître dans l'art de la diplomatie,
Et tous deux me servaient la soupe du bonheur.

Marie-Antoinette Andres

 


MON GUIDE

Tu es venu sans rien me dire
Et tu m’as prise par la main.
Tu n’étais pas un être humain,
Peut-être l’effet d’un délire…

Il a suffi que je soupire :
Tu étais là le lendemain.
Tu es venu sans rien me dire
Et tu m’as prise par la main.

Quelquefois, ma raison chavire,
Je te sens tracer mon chemin,
La ronce y devient du jasmin,
Les mots ne peuvent te décrire,
Tu es venu sans rien me dire.

Marie-Antoinette Andres

 


LA VIE EST BELLE

Le temps inflige des morsures
Même aux plus magnifiques fleurs.
Il les couvre de flétrissures
Et les prive de leurs senteurs.
Pourtant, aux premières chaleurs,
On voit refleurir à la pelle,
En bouquets, leurs mille couleurs,
Et c'est pourquoi la vie est belle !

Qui n'a pas son lot de blessures,
De peines, de regrets, de peurs,
Ses indicibles meurtrissures,
Ses souffrances et ses malheurs?
Mais pour apaiser les douleurs
On peut trouver, en ribambelle,
Des petits plaisirs enjôleurs,
Et c'est pourquoi la vie est belle !

Les chagrins creusent des fissures
Qui lézardent nos pauvres cœurs
Ils y provoquent des brisures
Jusqu'aux plus grandes profondeurs
Mais c'est là, qu'au milieu des pleurs
L'amour arrive à tire-d'aile,
Chantant comme merles siffleurs,
Et c'est pourquoi la vie est belle !

Vous qui cherchez quelques lueurs
Quand l'angoisse vous écartèle,
Sachez qu'on peut croire aux bonheurs
Et c'est pourquoi la vie est belle !

Marie-Antoinette Andres

 


L’ORMEAU

Retenant une larme, à l’ombre du tombeau,
Mon père me disait, me montrant un ormeau :
« Mon fils, vois-tu, ces morts que tout le monde oublie,
Retrouvent en cet arbre une nouvelle vie.

Des défunts enfouis, il va capturer l’ âme
Pour mieux en libérer l’enthousiasme et la flamme
Et comme par miracle, en la sauvant ainsi,
Il se sauve lui même et nous autres aussi.

Il puise, dans la terre où son estoc pénètre,
Le suc mystérieux qui jadis le fit naître
Et son corps, bien qu’informe et tordu par les vents,
Appartient à son tour au monde des vivants.

Son feuillage revêt la couleur d’espérance
Faite de joie, d’amour, et souvent de souffrance.
Dans ses branches vrillées, comme dans un miroir,
C’est la complexité de l’homme qu’on peut voir.

Je suis venu parfois à la tombée du jour
Parler à mes aïeux de mes chagrins d’amour :
Leurs voix, à travers lui, chantaient cette berceuse
Que j’entendais enfant, au clair de ma veilleuse,

A genoux sur la tombe, à l’heure où tout s’endort,
Je sentais que la vie triomphait de la mort
Sous l’abri verdoyant je fermais les paupières
Et le monde, soudain, s’emplissait de lumières.

Peut-être qu’un soir triste au bord de ce tombeau
Tu voudras t’épancher auprès du vieil ormeau.
S’il n’est plus là, mon fils, sèche vite tes larmes
Car la vie, j’en suis sûr, ne rend jamais les armes :

Si tu la cherches bien, tu trouveras la fleur,
Qui te dira l’amour dont fut rempli mon cœur.
En guise de chansons ou de parole tendre,
C’est son parfum subtil que tu pourras entendre. »

Marie-Antoinette Andres

 


RUPTURE

Il était arrivé de sa terre lointaine,
Revêtu de couleurs attirant le regard 
Qui lui donnaient un style un tantinet ringard,
Sans doute pour aller courir la prétentaine.

Je me laissai séduire et près de la fontaine,
D'un village perdu situé dans le Gard,
Je le déshabillai sans prendre aucun égard.
Tous mes sens enfiévrés d'une rage certaine.

Mon amour devint tel que j'en tombai malade.
Au médecin faisant office de prélat,
J'avouai mon péché, sans fard, sans reculade.

Il prêcha l'abstinence et plaida pour mon foie.
Convaincu, j'acceptai de suivre cette voie
Et rompis pour toujours... avec le chocolat !

Marie-Antoinette Andres

 


RENDEZ-VOUS MANQUÉ

Mon fils, d’un naturel quelque peu misanthrope
Consacre ses loisirs à regarder les cieux.
Aucune activité ne le rend plus joyeux
Qu’explorer l’univers au bout du télescope.

Il scrute l’infini dans son œil de cyclope
Héritage légué par ses lointains aïeux.
De l’Olympe céleste, il connaît tous les dieux
De Mercure à Pluton, sans oublier Europe.

Désireux d’observer Jupiter de plus près,
Profitant d’un temps sec, ni trop chaud, ni trop frais,
Un soir j’accompagnai mon astronome en herbe.

Pendant qu’il installait longuement l’appareil,
J’attendais, allongé, que vint l’astre superbe...
Je ne vis, m’éveillant, qu’un immense soleil !

Marie-Antoinette Andres

 


SI J’ÉTAIS UN BIJOU

Si j’étais un bijou, je serais l’eau profonde,
La pure aigue-marine où tu viendrais plonger.
Dans mes flots, je le sais, en oubliant le monde
Jusqu’aux confins du ciel, tu pourrais voyager.

Je te confierais l’or dont le soleil m’inonde,
L’indicible reflet qu’il fait naître en mon sein,
Et je décorerais ta chevelure blonde,
De joyaux dérobés au royaume abyssin.

Mes vagues en roulant, par leur tremblante écume,
Sur le bord de tes yeux tout palpitants d’amour,
Feraient étinceler au travers de la brume,
Les éclats singuliers des plus beaux feux du jour.

Notre complicité n’aurait rien de futile.
Je serais tout à toi, tu serais toute à moi,
Dans notre esprit commun, d’une façon subtile,
Se répandrait sans mot, l’ardeur de notre émoi.

Je t’apprivoiserais, toi que l’on dit rebelle,
Car je sais des secrets inconnus des humains,
Scintillant sur ton cœur pour te rendre plus belle,
Je deviendrais jouet dans le creux de tes mains.

Mais je ne suis qu’un homme et je t’aime en silence,
Comme une mer paisible auprès du sable d’or,
J’admire ta splendeur et ta chaude insolence
Laissant aux profondeurs l’éclat de mon trésor.

Marie-Antoinette Andres

 


A MALIN, MALIN ET DEMI

Pour écrire un sonnet, quelqu’un vendit son âme
Au maître des enfers, séduit par son pouvoir.
À ce monstre cornu qui disait tout savoir,
Il confia sa plume et l’ardeur de sa flamme.

Il avait pourtant vu sur la rouge oriflamme,
Des mots qu’un esprit pur ne saurait concevoir,
Mais de fermer les yeux il se fit un devoir,
Laissant sa main glisser dans celle de l’infâme.

En une nuit à peine un texte fut écrit
Et le sceau diabolique au bas du manuscrit
Indiquait clairement quel en était le maître.

Face au malin démon, le poète pervers,
Rétorqua : « Je ne puis, mon âme te remettre,
Va donc la réclamer à l’auteur de ces vers ! »

Marie-Antoinette Andres

 


DEUX PETITS CHAUSSONS

Ce soir, j’ai mis aux pieds deux petits chaussons roses
Témoins, comme la fleur, d’un lien secret d’amour.
Pour t’en remercier, je me fais troubadour,
Sans égaler, hélas, les plus grands virtuoses.

Comme tu tricotas cette laine pour moi,
Je tisse avec les mots, des vers pleins de tendresse,
Des chaussons virtuels pour un cœur en détresse
Dont je veux apaiser la souffrance et l’émoi.

S’il est vrai que l’espace, aujourd’hui, nous sépare,
Que nous ne pouvons plus nous parler comme avant,
Il reste l’écriture : est-ce moins captivant ?
Une phrase, parfois, peut se changer en phare :

Éclairer la mer sombre où nous plonge la peur,
Allumer en son sein de multiples étoiles
Et le fragile esquif peut déployer ses voiles
Pour nous porter joyeux loin du monde trompeur.

Tu pourras découvrir, au cours de ce voyage,
Les sons et les parfums dont tu rêvas souvent,
Écouter les secrets récoltés par le vent,
Les soirs de pleine lune à l’abri du feuillage.

Laisse toi doucement bercer par ses chansons,
Respire les odeurs d’une Terre magique,
Viens vite, allons danser, oublions la logique,
Tu vois : j’ai déjà mis mes deux petits chaussons !

Marie-Antoinette Andres

 


RÊVERIE SUR LA PLAINE

Sur la plaine odorante où nous flânons rêvant,
Un chant tendre et léger vogue à travers la brise.
Mon cœur s’ouvre, charmé par cet appel fervent,
Messager d’un amour que la nuit favorise.

Un chant tendre et léger vogue à travers la brise.
Le ciel frissonne ému, comme un être vivant
Messager d’un amour que la nuit favorise.
Le monde, je le sais, sera plus beau qu’avant !

Le ciel frissonne ému, comme un être vivant
Dans la brume impalpable où la lune se brise.
Le monde, je le sais, sera plus beau qu’avant :
Je vois briller tes yeux que la lumière irise.

Dans la brume impalpable où la lune se brise,
S’efface et s’évapore aux couleurs du levant,
Je vois briller tes yeux que la lumière irise
Sur la plaine odorante où nous flânons rêvant.

Marie-Antoinette Andres

 


POÈME SYMPHONIQUE

Avec des mots d’amour, j’ai tissé la musique
D’un poème aux couleurs de la ligne du temps :
Irisé comme l’aube un matin de printemps,
Fleuronné de soleil sur fond de bleu mystique.

Imprégné d’un parfum presque métaphysique,
Il entraîne l’esprit vers des lieux envoûtants
Où l’espace apparaît sous la forme d’instants,
Où la lumière est son, le langage magique.

En chaque vers réside une étrange vertu
Qui ranime le cœur, par la peine abattu,
Et lui montre le ciel dégagé de ses voiles.

L’âme peut suivre alors le chemin vertical,
Montant de phrase en note au monde musical,
Pour danser, enfin libre, au milieu des étoiles.

Marie-Antoinette Andres

 


LE CLOWN

La grosse larme noire en forme de virgule,
Immobile au milieu de son visage blanc,
Son pas mal assuré, légèrement tremblant,
Lui donnent un aspect comique et ridicule. 

Au centre de la piste où son corps gesticule
En agitant les bords d’un manteau rutilant,
Il offre au spectateur un jeu désopilant
Où le rire s’affronte au chagrin qui recule.

Et cette étrange guerre où l’humour est vainqueur
Mieux que mille sermons régénère le cœur
Que les nombreux soucis ont recouvert de voiles.

Sous le grand chapiteau pétillant de gaîté
Fleurissent dans les yeux d’innombrables étoiles
Que disperse le clown à l’habit pailleté.

Marie-Antoinette Andres

 


DANSE DE FEU

Étincelle de feu, tourbillon, fulgurance,
Les flammèches au ciel bondissent en mourant,
Tandis qu’en mon esprit ce brasier dévorant
Grave des mots d’amour parsemés de souffrance.

Sa robe entre les plis, me montre en transparence,
Son jupon rouge et or qui me frôle, attirant,
Il s’approche, il s’éloigne, et comme indifférent,
Il se rit de mon cœur embrasé par sa danse.

Folle et mystique nuit d’andalouse chaleur
Où les plus grands espoirs se mêlent au malheur,
Je n’oublierai jamais ton ardente gitane

Ni l’écarlate fleur qui tenait ses cheveux
Et qu’elle me jeta dans un geste nerveux
En bravant mon regard de ses yeux de sultane.

Marie-Antoinette Andres

 


DÉSILLUSION

Lorsque je l’aperçus, dans cette salle obscure,
Les pieds nus sur le sol elle semblait danser.
Craignant que mon regard ne puisse l’offenser,
Je l’admirais du fond d’une étroite embrasure.

Avec l’ardent plaisir que l’interdit procure,
Je contemplais son corps et je dois confesser
Combien j’aurais voulu pouvoir le caresser
Et frôler de mes mains sa blonde chevelure.

Elle tenait, pudique, au dessus de son sein,
Le voile très léger noué sur son bassin,
Laissant à découvert sa gorge au teint d’albâtre.

Était-elle de marbre au point de m’ignorer
Comme un vulgaire sot, moi, prêt à l’adorer ?
Même pas : ce n’était qu’une statue en plâtre !

Marie-Antoinette Andres

 


VILLEFRANCHE DE CONFLENT

Je naquis au début du second millénaire
Coiffé de marbre rose et bercé par les eaux.
Lorsque le vent soufflait au travers des roseaux,
Il m'apportait du sud, la fougue et la lumière.

J'ai bien souvent chanté pour Lluciá, Joséphine,
Montserrat, Roc, Jordi, Camil, Atur, Anna...
Empruntant à leur cœur soupir ou Hosanna
Selon que leur chemin croisait fleur ou épine.

Je les initiais aux pas de la sardane
Sous les yeux bienveillants de mon cher Canigou.
Dans leurs jeunes esprits, j'ai insufflé le goût
Des valeurs que transmet la terre catalane.

J'ai béni leurs amours, j'ai consolé leurs peines.
L'ombre de mon clocher protégeait leurs aveux.
Quand ma terre s'ouvrait pour accueillir l'un d'eux,
Mes larmes s'écoulaient dans l'onde des fontaines.

La Têt et le Cady chassent toute souffrance
À neuf cents ans passés, je regarde le temps
Blanchir et reverdir les vallons du Conflent
Du Bastion de la Reine à la Porte de France.

Je suis l'humble témoin qui contemple en silence
La vie qui se déroule en un cercle infini,
Et qui garde toujours une place en son nid
Pour celui qui revient, fatigué de l'errance.

Marie-Antoinette Andres

 


LE PHARE DE TEVENNEC

Sur le seuil de la mer d’Iroise,
S’élève un ténébreux rocher,
Tranchant et noir comme l’ardoise
Que la vague vient écorcher.

Dans les chaumières l’on raconte
Qu’autour de cet îlot maudit,
Surtout quand la mer se démonte,
On entend hurler un esprit.

Que le rescapé d’un naufrage,
Après avoir souffert trois jours,
Y est mort, perdant tout courage
Car nul ne vint à son secours.

Sur cet exigu promontoire,
Comme pour défier les flots,
Un phare, en forme d’oratoire,
Fut dressé pour les matelots.

Le premier gardien de ce phare
En trois semaines devint fou
Et le second, sans crier gare
Fût pris par le char de l’Ankou.

Suicides et morts violentes,
Folie, mystérieux trépas,
Aventures terrifiantes :
La Faucheuse était bien la-bas !

L’espace de trente ans à peine
Vingt et trois gardiens tour à tour
Pris d’une panique certaine
Interrompirent leur séjour.

Alors, un jour, de guerre lasse
L’enfer fut enfin déserté,
Mais pour chaque bateau qui passe,
Son feu fut automatisé.

Marie-Antoinette Andres