Frédérique Joubert – Artiste Peintre & Littéraire
Je m’appelle Frédérique JOUBERT, j’ai 62 ans, je suis retraitée de l’éducation nationale.
J’enseignais les lettres modernes dans un collège. J’habite à LOUPIAC, en Gironde. Je suis née à Avignon, où j’ai fait mes études. J’ai longtemps vécu en Italie, à Naples et à Lecce où j’ai enseigné. J’ai toujours un peu écrit mais de plus en plus, car le temps plus libre me l’a permis. Je fais du théâtre depuis longtemps, dans plusieurs ateliers amateurs de Gironde, j’aime beaucoup l’improvisation. Je vais souvent au cinéma. J’aime la lecture des auteurs « classiques », mes amis me parlent d’auteurs contemporains mais je ne trouve pas le temps de partir à la découverte. J’écris surtout des poèmes en forme libérée, de courts textes en prose parfois humoristiques, quelques fables, j’aimerais écrire des contes et quelques courtes pièces de théâtre. Je fréquente un atelier d’écriture. Je peins (acrylique) et je fais beaucoup de collages. Je suis plutôt coloriste.
Email : f.joubert132@gmail.com
Je ne graverai rien sur ton écorce.
Toutes les avenues rougissent devant ton port.
Certains passants, parfois, lèvent le nez pour regarder s’ouvrir tes feuilles, tendres. Que le vent les épargne ! Et la grêle ? en ce petit mois de mai … N’aie crainte, les Saints sont chaleureux, bienveillants envers toi, sinon ils ne seraient pas des Saints, ils ne seraient pas des Sages et ils disent qu’ils sont de glace. Les gens ne viendraient pas écouter leur présence sous ta présence. Et puis après le froid d’autres feuilles viendront, tu le sais.
C’est toujours, à chaque fois ton premier printemps, ta première naissance.
Parfois un homme reste assis, le dos soudé au tronc, il attend l’ombre, il attend l’abri.
C’est toi qui l’enseigne et il sait t’entendre, et il n’attend rien.
Tu ne crains pas la mort, tu laisseras tomber tes feuilles pour mieux leur redonner vie. Les cœurs de tes fruits repeupleront la Terre. Libéreront-t-ils un jour les consciences dormantes ?
Saurons-nous un jour retrouver les croyances lointaines qui faisaient de toi un dieu ou un roi ?
Sous ton feuillage, certains ont médité longtemps, d’autres auront rendu justice.
Tu nous offres sans cesse ton corps, généreux, es-tu vraiment si fort ? Tes branches sont-elles aussi souples que le roseau ? On te vole ton sang. Dis-nous ta souffrance. On ne l’entend pas. Certains écoutent ton silence et entendent la vie. Tu abrites les mystères. On sait que la nuit tu touches les étoiles, que la lune t’appelle et que vous bavardez. Tandis que ta branche penche vers la Terre, l’autre s’élève vers le soleil.
Souvent tu es le père ou l’ami,le frère ou le fils.
Tu jaillis du sol avec patience. La terre te nourrit autant qu’elle te tient.
Que t’importe que l’on dise que tu es majestueux. Tu te contentes d’être, toujours dans le silence, même si parfois les vents, qui te taquinent, font gentiment chanter tes feuilles. Que ta présence toujours nous étonne, toujours nous émerveille autant que celle de tes fleurs. Pour toi la saison n’est jamais morte car en toute saison nous pouvons t’embrasser.
Frédérique JOUBERT
Ailleurs
Je m’octroierai ces étoiles lointaines.
Auxquelles l’homme n’aura jamais accès.
Je retrouverai ces peuples premiers qui foulent un sol vierge.
Au cœur d’une voûte céleste et bienveillante.
Indemnes,inaccessibles,ils n’auront rien appris
Sinon le silence sacré des instants des grandes forêts ,où les temps de l’ âme seront à jamais immobiles et partout, ils l’ abreuveront de sagesse.
Ils auront les sources et les vents ; la pluie , sans les tourments.
Ils aimeront leurs animaux comme on respecte les enfants.
De la bruyère rose au séquoia géant ce ne seront.
Que légers frémissements à la surface des tapis de mousse.
Des rivières où aucune Ophélie ne suivra le courant dans un linceul flétri.
Des dizaines de chants et de douces musiques.
Si parfois le tonnerre gronde il ne sera pas les foudres d’un dieu.
Mais ils adoreront les éclairs fugaces qui parleront du ciel, lumières zébrées d’une nuit qui accueille.
La naissance et la mort ne seront là que pour honorer la Vie.
Parfois, une plume de geai viendra chatouiller un sein où le cœur s’émerveille.
la toile d’araignée, perlée, masquera un visage innocent.
La lune viendra pour les séduire,ils parcourront alors les douces joies du désir où la peur n’aura jamais sa place.
Rarement une étincelle généreuse de ce monde s’en vient inspirer le cœur.
D’un poète d’ici-bas.Alors le poète sait, il écrit, mais ne dévoile rien, soucieux de préserver la paix De l’éternité de l’instant.
Frédérique JOUBERT
Pau, avril 2022
Ecrire un texte en employant les expressions qui sont ici soulignées, insérées dans mon texte. Ça s’appelle une « salade ».
A la salade, je suis malade, au céleri je suis guéri.
Hum, dans cette salade il y aura beaucoup d’ingrédients… Elle sera assez épicée d’ailleurs, gare à vos estomacs. Mais pas de souci, Jacqueline (notre hôte) a du bicarbonate ; elle a prévu le coup avec sa contrainte d’écriture extravagante ! Méfiez-vous, tout ça risque de vous mettre la rate au court-bouillon ! A moins que vous n’en tombiez dans les pommes. Je vous assure que je ne vais pas vous raconter des salades !
Je n’ai pas l’intention de vous rouler dans la farine, ce n’est pas une entourloupe, mais il faudra vider le saladier.
Comme on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre et que je vous sais assez carnivores, je vous promets d’y ajouter quelques escargots à la girondine, histoire de charger ma salade en protéines animales.
Peut-être que l’une d’entre vous rentrera dans sa coquille pour éviter de me dire qu’elle n’aime pas les escargots et pour ne pas me vexer.
Moi, j’aimerais bien qu’elle se force à en manger ; après, si elle le souhaite, elle pourra aller vomir sous le pont Mirabeau où coule la Seine et ses amours. Les poissons parisiens, eux, ils aiment bien les escargots, surtout quand il s’agit de nouvelle cuisine ; faut vous dire qu’ils sont assez snobs, les poissons parisiens, même qu’ils pètent plus haut que leur cul ! Alors ça fait des bulles en surface, ça boulègue ; les pêcheurs croient avoir fait une touche, les pauvres !
Alors quand Firmin Durand rentre chez lui bredouille, la queue entre les jambes, rue de L’Escabèche, sa petite femme pleine de commisération lui dit, avec quand même une petite pincée d’ironie : « bah ! Mon chéri, tu verras, demain est un autre jour. Tiens, pour te consoler je t’ai préparé ta salade préférée, avec des escargots à la charentaise ; allez, mon chéri, va mettre tes pantoufles ».
Frédérique JOUBERT
Fin
Nos cœurs de pierre
Finiront bien
Par les flots de la Terre
Elimés, émoussés et réduits en poussière.
Sans conscience
Nous avons épuisé
Sa richesse
Fertile et fabuleuse
Nous avons tant fouillé ses sols
Qu’ils regorgent de sang ;
Démembré ses forêts,
Violé son ciel en quête de chimères,
Souillé ses sources vierges,
Hôtes sans respect
Nous lui arrachons la vie
De nos mains avides
D’une soif sans fin
A nous tous
Nous assumons
La forme de l’horreur.
Nous avons soif d’éternité
Mais ne savons pas
Lire dans l’arbre fugitif
Rattrapé par la mort
Son instant immobile ;
Nous ne savons pas lire
La fleur qui s’ouvre et se flétrit
Le lendemain du jour
Mais sans cesse nous la gravons
Dans nos mémoires.
Nous ne savons pas lire
Les cartes du destin
Qui disent notre faim.
Frédérique JOUBERT
Le voile
Le vague à l’âme se noie dans l’océan.
Si le voile gris de l’angoisse
T’empêche la confiance
Demande à l’araignée
D’en défaire le fiel
De dévider le fil du voile qui t’empêche
Pour mieux tisser la toile
Si diaphane
Des paisibles parfums.
Frédérique JOUBERT